L’avenir de la recherche en France en péril: une équation délicate

Le paysage de la recherche française traverse une période de turbulences budgétaires. Malgré une augmentation initiale de 1,2 milliard d’euros pour soutenir ce secteur vital, Bercy a annoncé une coupe drastique de 900 millions d’euros. Alors qu’Emmanuel Macron évoque une réorganisation de la recherche, la question se pose : comment le secteur peut-il évoluer avec des moyens réduits ?

Les experts s’interrogent sur les répercussions de ces coupes. Boris Gralak, secrétaire général du Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU), souligne que ces décisions risquent d’entraîner un appauvrissement des laboratoires et un désengagement des chercheurs. La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, tente d’apaiser les inquiétudes en affirmant que ces coupes n’auront pas d’effet immédiat. Cependant, l’annulation de crédits pourrait avoir des conséquences à long terme, amplifiant la précarité déjà omniprésente dans le domaine.

Alain Fuchs, président de l’université Paris Sciences et Lettres (PSL) et ancien président du CNRS, aborde les défis liés à ces restrictions budgétaires.  » Le but des 3 % du PIB alloués à la recherche est encore loin de nous. Ces coupes rendent cet objectif encore plus inatteignable, » déclare-t-il. La déstabilisation du secteur pourrait également freiner l’innovation et la compétitivité de la France sur la scène internationale.

Pour Claire Mathieu, informaticienne et membre de l’Académie des sciences, la situation actuelle est préoccupante. « Nous faisons face à une pression croissante, et le moral des chercheurs en pâtit. Les conditions de travail se détériorent, ce qui affecte la qualité de la recherche, » explique-t-elle.

Un reportage de Céline Loozen réalisé à l’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité du MNHN illustre ce climat tendu. Lucie Bittner, directrice de recherche, témoigne des impacts négatifs de cette précarité sur la communauté scientifique. La recherche française, en pleine crise budgétaire, est à un tournant : saura-t-elle faire plus avec moins ?